Le sanctuaire mandéen d’Amarah

Le sanctuaire mandéen d’Amarah se situe sur les berges du Tigre, à  31°49’48’’ Nord et 47°08’55.4’’ Est,  à 175 km au nord de Bassorah.

La basse-Mésopotamie, que les Mandéens identifient au paradis terrestre, est le cœur de leur identité.

Les Mandéens, une communauté méconnue de Mésopotamie

Originaires de basse-Mésopotamie, les Mandéens sont connus comme les disciples de Jean-le-Baptiste, le plus grand des prophètes envoyés par Dieu sur Terre. Cependant, ils se distinguent des Chrétiens en ce qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme le Messie.

Le culte mandéen repose principalement sur l’acte baptismal dans des eaux vivantes,  c’est-à-dire en mouvement. C’est donc principalement dans les eaux irakiennes du Tigre, de l’Euphrate et du Chatt-el-Arab, ainsi que dans les eaux iraniennes du Karoun,un affluent du Chatt-el-Arab, que les Mandéens aiment à pratiquer leur rite immersif.

Les Mandéens dans le monde seraient entre 60 000 et 100 000, dont 10 000 en Irak, notamment dans les villes de Amarah et Bassorah.

Localisation

Le sanctuaire mandéen d’Amarah se situe à 31°49’48’’ Nord et 47°08’55.4’’ Est, dans le sud de l’Irak, à 175 km au nord de Bassorah, à 370 km au sud-est de Bagdad, ainsi qu’à 50 km environ à l’ouest de la frontière iranienne.

Amarah est la capitale de la province irakienne de Maysan.

Dans le salon de réception de la communauté des Mandéens d'Amarah
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Qui sont les Mandéens ?

Les Mandéens sont également appelés Mandéens-Sabéens-Nasoréens.

Ils forment une communauté autochtone et endogame, originaire de la basse-Mésopotamie identifiée au paradis terrestre, où convergent les deux grands fleuves du Moyen-Orient, le Tigre et l’Euphrate, ainsi que leurs affluents, dans le delta du Chatt-el-Arab.

Le calendrier mandéen commence à la naissance du prophète Adam, soit en l’an 443 370 avant l’ère chrétienne[1].

Le culte mandéen est monothéiste, abrahamique, dualiste et gnostique.

Le mot “mandéen” vient de l’araméen “manda” qui signifie “connaissance”. Le mandéisme est ainsi une religion qui repose sur un certain degré d’initiation à la “connaissance” divine.

Les Mandéens sont connus comme les disciples de Jean-le-Baptiste, le plus grand des prophètes envoyés par Dieu sur Terre. Cependant, ils se distinguent des Chrétiens en ce qu’ils ne reconnaissent pas Jésus comme le Messie.

La religion mandéenne dispose d’un corpus théologique et liturgique complet, qu’il est cependant difficile de sourcer, faute d’en connaître les auteurs et la datation. « La tradition écrite de cette communauté se compose de livres rituels écrits en dialecte araméen et regroupant la liturgie, les prières et les hymnes, de livres de commentaires, de traités théologiques et mythologiques, de légendes, de rouleaux illustrés et de textes magiques. Les noms des auteurs, rédacteurs ou compilateurs sont inconnus ou falsifiés aussi bien que les dates de rédaction. Cet ensemble indatable concoure également à épaissir le mystère des origines des Mandéens. Le Ginza (trésor), ou Sidrā Rabbā (grand livre), est la collection d’écrits la plus complète (…)[2]».

Les Mandéens arborent une bannière, nommée drabsha en mandéen classique (dialecte araméen d’Irak), ou darfash en arabe. Cette bannière est formée d’une croix en bois d’olivier, partiellement couverte d’une étole de soie blanche à franges, ornée de 7 branches de myrte.

Le culte mandéen repose principalement sur l’acte baptismal dans des eaux vivantes, c’est à dire des eaux en mouvement. « Les Mandéens accordent une grande importance à l’eau et à la pratique du baptême célébré lors des des fêtes et chaque dimanche, ainsi qu’à d’autres pratiques d’ablution.[3]». C’est donc principalement dans les eaux irakiennes du Tigre, de l’Euphrate et du Chatt-el-Arab, ainsi que dans les eaux iraniennes du Karoun,un affluent du Chatt-el-Arab, que les Mandéens aiment à pratiquer leur rite immersif.

Toutefois, «À Bassora, pour des raisons de sécurité et de pollution, les Mandéens pratiquent leur rituel dans un local aménagé avec une piscine remplie de l’eau de la rivière »[4].

__________

[1] Le Professeur américain, Charles G. Häberl, spécialiste des études mandéennes a déterminé que le 18 juillet 2019, correspond à 1er jour du premier mois de l’an 481 343 de la naissance d’Adam ! Pour plus d’informations sur le calendrier mandéen, voir : Calendrier mandéen. Journal of the Royal Asiatic Society

[2] Voir à ce propos les travaux de Florence Somer, docteure en anthropologie et en histoire religieuse, in Les Mandéens

[3] Joseph Yacoub, in Lacroix, samedi 16, dimanche 17 décembre 2017, page 5.

[4] Id.

Représentants de la communauté mandéenne à Amarah, sur les berges du Tigre
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Femme mandéenne à Amarah, sur les berges du Tigre
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Un religieux mandéen d'Amarah, sur les berges du Tigre
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Au premier plan sur la clôture est représentée une drabsha, la bannière des Mandéens. À l'arrière plan la grande halle communautaire des Mandéens d'Amarah, sur les berges du Tigre
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Entrée de la grande halle des Mandéens d'Amarah, lieu de rassemblement communautaire sur les berges du Tigre
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Le patrimoine mandéen

Le patrimoine mandéen est des plus modestes. L’essentiel étant pour cette communauté de célébrer au bord des fleuves et des cours d’eau. 

À Amarah, le patrimoine bâti mandéen consiste en un édifice moderne composé de deux pièces principales : un très grand salon de réception (diwan) ainsi qu’une salle de réunion.  En face de cet édifice, sur les berges du Tigre est installée une grande halle couverte, sous laquelle sont disposés de  nombreux bancs.

En réalité, le vrai et le seul patrimoine  mandéen est non-bâti. C’est l’eau vivante et dynamique des fleuves au bord desquels ils vivent et célèbrent leur culte.

Maison communautaire des Mandéens d'Amarah. Au dessus de la porte d'entrée se dresse une drabsha, la bannière mandéenne
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
La grande halle des Mandéens d'Amarah, lieu de rassemblement communautaire sur les berges du Tigre
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
La grande halle des Mandéens d'Amarah, lieu de rassemblement communautaire sur les berges du Tigre
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Démographie des Mandéens

Les Mandéens dans le monde seraient entre 60 000 et 100 000.

Originaires du sud de la Mésopotamie irakienne, ils étaient autrefois plus de 70 000 en Irak, mais leur nombre a drastiquement diminué après 2003. 

On estime en 2025 qu’ils sont près de 10 000, dont 5 000 à Bassorah.

De petites communautés mandéennes vivent aussi en Syrie, en Iran, en Jordanie. Des micros-communautés existent aussi en Palestine et en Israël.  Des milliers de Mandéens vivent également aux États-Unis, au Canada, en Australie, au Royaume-Uni, en Suède, au Danemark et en Allemagne, en d’autres termes dans les pays refuges des Irakiens qui se sont exilés depuis la Guerre du Golfe 1990 – 1991 et après l’invasion américaine en 2003. 

Repas communautaire avec la communauté mandéenne d'Amarah
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Mission de Mesopotamia chez les Mandéens

La visite de la mission Mesopotamia auprès des Mandéens dans leur ville-capitale, Amarah, le 18 septembre 2023, au sud de l’Irak, fut pour eux un grand motif de réjouissance et de partage.

La communauté mandéenne a exprimé le souhait à Mesopotamia de recevoir une peinture de Jean-le-Baptiste. Celle-ci a été réalisée par Ibrahim Lallo, peintre-iconographe syriaque de Bartella, dans la plaine de Ninive et offerte à la communauté d’Amarah.

Réunion sous la grande halle, au bord du Tigre, avec plusieurs membres de la communauté mandéenne d'Amarah
18 septembre 2023 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

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