La cathédrale Mar Youssef de Bagdad

La cathédrale chaldéenne Mar Youssef de Bagdad se situe à 33°18’5.29″N 44°25’41.69″E et 38 mètres d’altitude, dans le quartier est-Karada de Bagdad, à 900 mètres de la rive orientale du Tigre.

La cathédrale Mar Youssef  de Bagdad a été construite pour satisfaire aux besoins et nécessités de la communauté chaldéenne qui quitta dans les années 50 le vieux quartier d’Aqued el Nassara où se trouvait la cathédrale Om al Ahzane (voir notice correspondante) pour s’installer dans le quartier moderne de Karada.

La première pierre de la cathédrale fut posée par le patriarche Youssef VII Ghanima le jour la fête de la Sainte Croix en 1952. Elle fut consacrée et inaugurée par ce même patriarche en 1956.  La cathédrale chaldéenne Mar Youssef Kharbanda de Bagdad a été plusieurs fois restaurée et embellie et encore tout récemment en 2018 par le patriarche de Babylone des Chaldéens Louis Raphaël Ier Sako. 

Photo : La cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Localisation 

La cathédrale chaldéenne Mar Youssef de Bagdad se situe à 33°18’5.29″N 44°25’41.69″E et 38 mètres d’altitude, dans le quartier Al Karada Al sharkiya  de Bagdad, sur la rive orientale du Tigre.

La cathédrale Mar Youssef de Bagdad dans le quartier al Karada al Sharkiya.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Aux origines de l’église chaldéenne

L’Église chaldéenne est une église catholique née au XVIe siècle d’un schisme au sein de l’Eglise de l’Orient.  En 1552, plusieurs évêques établis dans le nord de l’Irak, le sud de la Turquie et le nord de l’Iran[1] contestèrent la succession héréditaire du catholicos de l’Église de l’Orient Simon VIII. Ils élurent à Mossoul un autre patriarche, Yohanès Soulaqa, supérieur du monastère de Rabban Hormizd d’Alqosh, qui prit le nom de Jean VIII et qui se rendit à Rome pour y faire profession de foi catholique. Le 20 avril 1553, le pape Jules III le proclama patriarche de l’Église chaldéenne catholique « dont la naissance est dès lors officielle [2] ».

De retour dans l’Empire ottoman, il installa son patriarcat à Diyarbakır (sud-est de l’actuelle Turquie), à 400 kilomètres au nord-ouest du couvent de Rabban Hormizd. En conflit ouvert avec son rival Simon VIII, Yohanès Soulaqa fut arrêté, emprisonné et assassiné en 1555.

La fondation de l’église chaldéenne fut précédée un siècle plus tôt, en 1445, d’une déclaration d’union avec Rome des membres de l’Église d’Orient à Chypre, que le pape Eugène IV appelait déjà « Chaldéens ».

Jusqu’au XIXe siècle, ce schisme fut d’autant plus conflictuel qu’un grand nombre de fidèles de l’Église de l’Orient choisirent la communion avec Rome.

Le siège de l’église chaldéenne fut transféré de Diyarbakır à Mossoul en 1830 avec l’élection au trône patriarcal du métropolite de Mossoul, Jean VIII Hormez, puis à Bagdad en 1950, sous Mar Joseph VII Ghanima.

Incontestablement majoritaires parmi 1 200 000 chrétiens irakiens estimés avant la première guerre du Golfe en 1991, les Chaldéens étaient 750 000 au dernier recensement en 1987, contre 300 000 Assyriens (Église de l’Orient et Ancienne Église de l’Orient). Toutes communautés confondues, les Irakiens chrétiens représentaient ainsi 8 % de la population du pays. En 2018 combien sont-ils ? Les informations recueillies par les correspondants de l’association MESOPOTAMIA confirment l’effondrement démographique dont parlent les communautés visitées. Il resterait bien moins de 400 000 Chaldéens en Irak répartis entre Bagdad, le Kurdistan, la plaine de Ninive et Bassorah. En fait, les calamités auxquelles les communautés chrétiennes ont dû faire face n’ont jamais cessé en Irak depuis son indépendance en 1933. Le début du XXIe siècle n’offrit aucun répit avec l’invasion américaine en 2003, le terrible embargo décrété par l’ONU et les violences et persécutions islamico-mafieuses qui ont ciblé les communautés chrétiennes depuis la chute du régime de Saddam Hussein.

Aujourd’hui, l’Église Chaldéenne est constituée d’une importante diaspora éparpillée sur les cinq continents: aux États-Unis, en Europe, en Australie, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en ex-URSS : notamment en Russie (Moscou, Rostov sur le Don), Ukraine, Géorgie (Tbilissi), Arménie (Erevan).

 

 

[1] Au XVIe siècle, l’Empire ottoman et la Perse.

[2] In « Histoire de l’Église de l’Orient », Raymond Le Coz, Cerf, septembre 1995, p. 328

Croix d'époque sassanide (IIIe-VIIe siècle).
Avril 2018 © Musée de Bagdad
Drapeau chaldéen dans la cour de la cathédrale Mar Youssef de Bagdad.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Armoiries de l'Église chaldéenne.
Avril 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Les patriarches chaldéens depuis les origines jusqu'à nos jours.
Avril 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Histoire de la cathédrale Mar Youssef de Bagdad

La cathédrale chaldéenne Mar Youssef de Bagdada été construite pour satisfaire aux besoins et nécessités de la communauté chaldéenne qui quitta dans les années 50 le vieux quartier d’Aqued el Nassara où se trouvait la cathédrale Om al Ahzane (voir notice correspondante) pour s’installer dans le quartier moderne de Karada.

Ce besoin de renouveau et de modernité correspondit également à l’accession au trône patriarcal de Youssef VII Ghanima en 1947. Il fallut donc entreprendre la construction d’un nouveau phare spirituel chaldéen à Karada.

La première pierre de la cathédrale chaldéenne Mar Youssef de Bagdad fut posée par le patriarche Youssef VII Ghanima le jour la fête de la Sainte Croix en 1952. Elle fut consacrée et inaugurée par ce même patriarche en 1956. Tout au long des travaux, un comité collecta les fonds nécessaires à la construction de la cathédrale et assura simultanément le suivi des travaux.

Avant que la cathédrale chaldéenne Mar Youssef ne soit érigée, il  y avait, tout près, un sanctuaire nommé Mar Youssef dans les jardins de l’association « Miséricorde chaldéenne »  ainsi qu’une école qui appartenait à cette association. Depuis l’inauguration de la cathédrale, il n’existe plus ni école ni sanctuaire. Les deux lieux ont fusionné pour devenir une grande salle des fêtes.

Après l’inauguration de la nouvelle cathédrale chaldéenne les messes et les offices y furent célébrés par le corps ecclésiastique de l’ancienne cathédrale Om al Ahzane. Trois ans plus tard, en 1959, fut désigné le premier recteur de la nouvelle cathédrale, le père Youssif Babana, assisté d’un vicaire le père Gorial Qoda et du curé du curé de la cathédrale, le père Koriakos Hakim.

Depuis lors, 10 ecclésiastiques ont servi dans la cathédrale chaldéenne Mar Youssef : l’évêque Stéphan Katcho, le père Hanna Jajika, l’évêque Ibrahim Ibrahim, le père Potros Hadad, le père Jargis Ibrahim, le père Louis Chabi, le père Saad Sirop, le père Albert Isham, le père Sakvan et enfin le père Firas.

Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Tour-clocher.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Façade sud-est.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Dévotion.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

Description de la cathédrale Mar Youssef de Bagdad

La cathédrale chaldéenne Mar Youssef de Bagdad n’est pas orientée vers le Levant comme le sont généralement les églises, mais selon axe nord-est, sud-ouest. Une tour-clocher élancée et rectangulaire se dresse à côté de l’entrée dans l’angle nord-ouest.

Sa structure est en béton armé. Son architecture est de type basilical. La cathédrale chaldéenne Mar Youssef Kharbanda de Bagdad se présente comme une grande halle sans colonnes internes, que surmonte une couverture à deux pans inclinés.

Vue de l’intérieur, la lumière naturelle y pénètre à claire-voie par la façade nord-ouest, à travers de beaux vitraux au dessus de l’entrée principale, par les ébrasements à vitraux et à double niveau le long de la façade sud-est, et enfin par les fenêtres percées dans la coupole au dessus du sanctuaire.

La voûte est plane, et recouverte de boiseries qui en son centre forment une grande croix.

L’entrée principale de  la cathédrale, dans l’axe de la nef, ouvre sur un narthex transversal qui occupe toute la largeur de l’édifice et sur le côté sud duquel se trouve une petite chapelle pouvant accueillir une quinzaine de personnes.

L’aménagement intérieur reprend les trois parties conventionnelles des églises syriennes orientales tout en en proposant une interprétation résolument contemporaine. La vaste nef où se rassemblent les fidèles offre une visibilité totale sur l’ensemble de l’église. Au bout de la nef, le chœur, où les diacres chantent les offices et lisent la Bible, occupe une grande estrade au centre de laquelle trône le golgotha sur lequel est posé l’évangéliaire. Enfin, le sanctuaire, réservé au clergé est lui aussi légèrement surélevé. Sans porte royale,  ni rideau de séparation, il est composé d’un double maître-autel. L’ancien maître-autel à degrés en marbre est adossé à l’abside et conserve encore le tabernacle. Le nouveau maître-autel au milieu du sanctuaire est orné d’un joli tableau de bois sculpté. Le bas-côté nord du sanctuaire comprend un autel au dessus duquel se dresse une très grande icône « odigitria » (la Mère de Dieu qui montre le chemin). Le bas-côté sud du sanctuaire dispose également d’un autel au dessus duquel se dresse une très grande icône de Saint Joseph portant un Christ adolescent. Saint Joseph porte ses symboles caractéristiques : l’équerre de charpentier symbole de droiture, le lys symbole de pureté.

La cathédrale chaldéenne Mar Youssef  de Bagdad abrite aussi la tombe du patriarche Joseph (Youssef) VII Ghanima, décédé en 1958 deux ans après la consécration de la cathédrale. Son bel autel funéraire se trouve tout près du sanctuaire, sur bas-côté sud. Il symbolise la façade d’une église avec ses portes, ses colonnettes, son tympan et ses pinacles. Au centre du monument, la photographie du patriarche est encadrée par des inscriptions funéraires sur marbre gris marbre, en latin, arabe et syriaque. D’autres tombes sont présentes dans cette cathédrale et dans la cour. Parmi ces défunts, citons l’évêque Sulaiman Al Saïgh décédé en 1961, le curé Abdel Ahad Dahan, vicaire du patriarche à Paris, décédé en 1970.

La cathédrale chaldéenne Mar Youssef  de Bagdad a été plusieurs fois restaurée et embellie et encore tout récemment en 2018 par le patriarche de Babylone des Chaldéens le cardinal Louis Raphaël Ier Sako.

Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Portes-battantes à vitraux.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Vue d'ensemble de la nef au sanctuaire.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Chœur et sanctuaire.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Icône de Saint Joseph.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Icône de la Mère de Dieu "odigitria".
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Tombe du patriarche Youssef VII Ghanima.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Vitrail.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA
Cathédrale Mar Youssef de Bagdad. Vitrail.
Mars 2018 © Pascal Maguesyan / MESOPOTAMIA

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