LE SITE ARCHÉOLOGIQUE ASSYRIEN DE NIMROUD
À 35 km au sud-est de Mossoul, Nimroud est un site majeur de l’Antiquité mésopotamienne.
Il se situe à 36°06’04.2″Nord et 43°19’37.4″Est
Le pillage du site archéologique débuta en 2003, dès la chute du régime de Saddam Hussein, mais c’est daesh qui procéda à sa destruction systématique en 2015-2016.
Les autorités irakiennes ont invité Mesopotamia à participer à la restauration des Lamassus vandalisés.

Un des Lamassus détruits sur le site archéologique de Nimroud
Nimroud est un site patrimonial majeur de l’Antiquité mésopotamienne et irakienne, comme le sont Khorsabad, Ninive, Babylone et Ur.
À son apogée, Nimroud fut la capitale du royaume assyrien d’Assurnasirpal II, au IXe siècle avant J.C.
Les premières fouilles à Nimroud ont été réalisées en 1845.
En 2015-2016, daesh qui procéda à la destruction systématique du site, au buldozer, ainsi qu’avec des engins explosifs.
Les autorités irakiennes ont invité Mesopotamia à participer à la restauration des Lamassus vandalisés.
Localisation
À 35 km au sud-est de Mossoul, Nimroud est un site majeur de l’Antiquité mésopotamienne. À son apogée, au IXe siècle avant J.C., Nimroud fut la capitale du royaume assyrien d’Assurnasirpal II.
Il se situe à 36°06’04.2″Nord et 43°19’37.4″Est
À propos de l'Assyrie et de Nimroud
À propos de l’Assyrie
L’Assyrie c’est le pays du dieu Assur.
Assur (en arabe, Qal’at Sharqat) fut la première cité-état assyrienne, créée au troisième millénaire avant J.-C. sur la rive droite du Tigre, siège d’un puissant Empire de l’Antiquité mésopotamienne, entre les XIVe et IXe siècles. Détruite par les Babyloniens, elle reprit vie sous les Parthes (Perses) aux Ier et IIe siècles après J.-C.
À l’exception de Assur, trois autres cités-états ont été des capitales assyriennes : Nimroud, Dur-Sharrukin (Khorsabad) et bien sûr Ninive.
À propos de Nimroud
Nimroud, également nommé Kahlu, devint la capitale de l’Assyrie par décision du roi Assurnasirpal II (883-859 av. J.-C.) au IXe siècle et le resta jusqu’au règne de Sargon II entre 721 et 705 avant J.-C. On trouva lors des fouilles réalisées à Nimroud l’une des plus importantes bibliothèques de tablettes cunéiformes de l’Antiquité, « dont un exemplaire de la première tablette de la version standard de l’épopée de Gilgamesh. Cette épopée était largement diffusée dans le Proche-Orient ancien, de l’Anatolie à l’Irak, du IIe millénaire au IIIe siècle av. J.-C. »[1]
_______
[1] https://archeologie.culture.gouv.fr/nimrud/fr/la-1ere-tablette-de-lepopee-de-gilgamesh
Nimroud, capitale de l’Empire néo-assyrien
Cet article de l’archéologue-assyriologue Aline Tenu[1] est extrait du site Patrimoine du Proche-Orient [2] , où l’on peut découvrir l’histoire du site, ses palais et ses temples, ainsi qu’une découverte archéologique du site[3]
Un site déjà ancien
Quand Assurnasirpal II (883-859 av. J.-C.) choisit Nimrud, l’ancienne Kahlu pour en faire sa nouvelle capitale, la ville était déjà une ancienne fondation royale datée du règne de Salmanasar Ier (1263-1234 av. J.-C.). Les archéologues n’ont retrouvé que quelques tessons et des sceaux de cette période, mais l’on sait que Salmanasar Ier ne bâtit pas une ville neuve car de la céramique de la période de Halaf (VIe millénaire av. J.-C.) et du début du IIIe millénaire av. J.-C. a été ramassée.
Par ailleurs, les textes de l’époque paléo-babylonienne (XVIIIe siècle av. J.-C.) mentionnent la ville sous le nom de Kalawalhum et une tombe de cette époque a été découverte.
Une capitale pour Assurnasirpal II
Les travaux entrepris par Assurnasirpal II furent gigantesques et nécessitèrent une abondante main d’œuvre, notamment des déportés : il fit creuser un canal afin de planter des arbres, édifia un palais, neuf temples et protégea la ville d’un rempart de près de 7,5 km de long. Pour inaugurer sa nouvelle résidence, Assurnasirpal II organisa un banquet où il reçut 69 574 convives.
Une ville royale
Son fils, Salmanasar III (858-824 av. J.-C.) édifia hors les murs un vaste palais-arsenal et bâtit la ziggurat. Adad-nerari III (810-783 av. J.-C.) restaura le temple de Nabu puis Tiglath-phalasar III (745-727 av. J.-C.) construisit un nouveau palais (le Palais Central). À partir de Sargon II, la ville cessa d’être la capitale de l’empire au profit de Dur-Sharrukin (Khorsabad) puis de Ninive. Sargon II conduisit cependant d’importants travaux dans le temple de Nabu, de même qu’Assarhaddon qui résida peut-être un moment à Kahlu à la fin de son règne.
C’est aussi à Kalhu que furent inhumées quatre reines d’Assyrie, dont les épouses d’Assurnasirpal II et de Sargon II (721-705 av. J.-C.). Des niveaux postérieurs à 612 av. J.-C. indiquent que le site ne fut pas abandonné après la chute de l’Assyrie.
__________
[1] Aline Tenu, chargée de recherche au CNRS, rattachée à l’UMR 7041, Archéologies et Sciences de l’Antiquité à Nanterre, docteur en archéologie orientale, co-directrice de la Mission archéologique française du Peramagron sur le site de Kunara, dans le Kurdistan d’Irak: https://archeologie.culture.gouv.fr/proche-orient/fr/kunara
[2] https://archeologie.culture.gouv.fr/nimrud/fr/histoire-du-site
[3] https://archeologie.culture.gouv.fr/nimrud/fr/les-pionniers-du-xixe-siecle
Histoire sommaire de l'exploration du site archéologique de Nimroud avant 2003
Les premières fouilles à Nimroud ont été réalisées à partir de 1845 par l’archéologue britannique Austen Henry Layard. Nombre de pièces archéologiques ont été transportées dès son époque à Londres au British Museum et y sont encore exposées de nos jours.
Son assistant irakien chaldéen, Hormuzd Rassam, poursuivit les fouilles à partir de 1853.
L’exploratrice britannique Gertrude Bell photographia le site en 1909.
De 1949 à 1958, les fouilles furent reprises par l’archéologue britanniqueMax Mallowan, époux de la romancière Agatha Christie, qui y photographia non seulement les découvertes, mais aussi la vie de chantier.
D’autres campagnes de fouilles et des restaurations ont été menées dans les décennies suivantes par des équipes irakienne, polonaise, italienne et britannique.
Pillage et destruction du site archéologique de Nimroud entre 2003 et 2016
Le pillage du site archéologique de Nimroud débuta en 2003, dès la chute du régime de Saddam Hussein, mais c’est daesh qui procéda à sa destruction systématique, dès 2015.
Les destructions ont été réalisés au buldozer, mais aussi avec des engins explosifs et des outils manuels.
L’intensité des destructions était telle que le sommet de la ziggourat de Nimroud a été « décapitée ».
Nombre d’artéfacts de Nimroud ont été volés et ont fait l’objet d’un trafic d’œuvres d’art antiques.
De l’importance de Nimroud pour les chrétiens d'Irak
Au début du Ve siècle, Sennachérib, roi de Nimroud, fit tuer ses enfants Behnam et Sarah parce qu’ils s’étaient convertis au christianisme. Après s’être repenti, Sennachérib décida de se convertir au christianisme et avec lui l’ensemble de son royaume. C’est ainsi que les « Actes de Mar Behnam » évoquent la tradition de la conversion de l’Assyrie au christianisme.
Le monastère de Mar Behnam et Sarah, à 8 km à l’Est de Nimroud, est tout à la fois le lieu du martyre des enfants du roi, mais aussi celui de leur sépulture. C’est ce qui en fait « l’épicentre » de la foi chrétienne en Irak.
La tradition rapporte aussi qu’un tunnel fut construit entre le palais de Nimroud et le mausolée de Behnam et Sarah, pour permettre à la reine Shereen, épouse de Sennachérib, d’aller secrètement se recueillir sur la tombe de ses enfants assassinés, avant que son mari ne convertisse.
Cette tradition explique le lien historique fort qui relie tout particulièrement les chrétiens irakiens à la cité antique de Nimroud.
Par extension, les chrétiens d’Irak estiment être les héritiers de l’Antiquité mésopotamienne.
Réflexions de Yohanna Towaya, administrateur de l’organisation Hammurabi, sur le lien entre les Chrétiens d’Irak et Nimroud : Historiquement Nimroud est lié aux Chrétiens. Les Chrétiens se considèrent héritiers de l’Assyrie. Les Irakiens considèrent aussi les Chrétiens comme des Assyriens. Nimroud est proche de Mar Behnam et de Qaraqosh. Il y a un tunnel qui va de Mar Behnam à Nimroud. Les chrétiens en parlent toujours.
Importance économique de la restauration des Lamassus de Nimroud : Restaurer les Lamassus, c’est très important pour l’économie. Ce sont des chrétiens de Qaraqosh qui vont poursuivre les fouilles et les travaux. Il y aura du tourisme. Ça va améliorer la situation économique des Chrétiens. Dans cette région il n’y a que l’agriculture et ce site.
En quoi est-ce important que Mesopotamia y participe ? Si ce n’est pas fait par Mesopotamia, ça ne sera pas fait avant longtemps. Ce sera un honneur pour une petite organisation de faire ça. Tout le monde va en parler. Ça ne se reproduira pas avant longtemps. Pour moi aussi, j’aurai l’honneur de participer à ça. Même si on fait peu, l’action de Mesopotamia restera pour toujours.
Pourquoi le Conseil de l’État irakien des Antiquités et du Patrimoine (SBAH) a-t-il pensé à Mesopotamia ? Ils m’ont dit ‘ils sont sérieux’. Ils ont en effet suivi le travail excellent de Mesopotamia à Mar Guorguis (restauration de la dernière peinture murale médiévale irakienne).
Stabilisation du site archéologique site de Nimroud
Dès 2018, la Smithsonian Institution de Washington, en lien avec le Conseil de l’État irakien des Antiquités et du Patrimoine (SBAH), a mis en place et a financé une équipe de sauvetage du site archéologique de Nimroud.
Le programme mis en place porte sur la récupération, la stabilisation, le stockage et la classification des dizaines de milliers de fragments collectés.
Des Irakiens ont été formés à de nouvelles méthodes de protection du patrimoine. Des fournitures et des équipements de stabilisation ont été mis en place sur le site dans la perspective des travaux de restauration à venir.
Depuis 2022, l’organisation TARII (The Academic Research Institut in Iraq – https://www.tarii.org) est mandatée par le SBAH et la Smithsonian Institution pour assurer le suivi de la mise en œuvre de ce programme et la préparation des étapes ultérieures, notamment les restaurations proprement dites.
L’archéologue irakienne Lana Hadad, représentante de l’organisation TARII à Erbil, est responsable de ce processus.
Perspectives de restauration du site archéologique de Nimroud
Envisager la restauration du site archéologoique de Nimroud pourrait sembler être hors de portée, tant les destructions ont été massives.
Il existe néanmoins une perspective de restauration progressive.
Cela pourrait commencer par la restauration des Lamassus de Nimroud.
Cette pourrait être un symbole fort de la réhabilitation de ce site remarquable de l’histoire antique.
Appel du SBAH à Mesopotamia en faveur de la restauration des Lamassus de Nimroud


Note d'intention de Mesopotamia dans la perspective de la restauration des Lamassus de Nimroud
Sur médiation de Yohanna Towaya, administrateur de l’organisation Hammurabi, et partenaire de Mesopotamia, une réunion initiale a été organisée le samedi 8 juin 2024, sur le site archéologique de Nimroud, avec les représentants des directions des Antiquités de Bagdad, de Mossoul et de Al-Hamdaniyah (Bakhdida / Qaraqosh). L’archéologue irakienne Lana Hadad, représentante de l’Institut de Recherches Académiques en Iraq (TARII), était également présente. Plusieurs membres de Mesopotamia, irakiens et français, ont pris part à cette discussion.
1- Le programme de revitalisation du site archéologique de Nimroud doit être envisagé de manière globale et sera réalisé par étapes successives. À cet égard, une conférence internationale a été organisée en Irak, pour en évaluer les objectifs, les aspects scientifiques et les étapes.
2- Le SBAH souhaite que l’étape inaugurale de ce processus soit la restauration des quatre Lamassus détruits par daesh. Mesoptamia est invitée à participer à ces restaurations, avec d’autres organisations internationales volontaires.
3- Les autorités irakiennes ne contribueront pas au financement de ce programme de restauration. Si Mesopotamia accepte d’y participer, elle devra collecter les fonds nécessaires et aura toute liberté pour son utilisation et la constitution de sa propre équipe.
4- Après délibération le 9 juillet 2024, le conseil d’administration de l’association Mesopotamia a accepté de participer au projet de restauration des Lamasssus de Nimroud, à l’invitation des autorités irakiennes. Cette décision est conditionnée à l’obtention des moyens financiers nécessaires à son intervention.
5- L’association Mesopotamia n’imagine pas se lancer dans un tel processus sans solliciter au préalable une validation scientifique de haut niveau, ainsi qu’une validation technique des moyens mis en œuvre.
6- Ce projet de restauration des Lamassus de Nimroud pourrait être l’occasion de faire intervenir des restaurateurs irakiens, sélectionnés parmi ceux qui participent à un programme de formation à la restauration au Musée de Mossoul, mis en place dans le cadre d’une coopération avec le musée du Louvre.
7- Pourquoi ne pas envisager d’organiser un chantier-école avec des volontaires irakiens ou étrangers. Un tel dispositif doit être compatible avec les exigences scientifiques et techniques de ce chantier de restauration.
Pour information : l’association Mesopotamia a mis en place un chantier-école dans le cadre de la restauration de la peinture murale médiévale de l’église Mar Guorguis, à Bakhdida, en 2021-2022. Aux côtés des trois restauratrices de peinture françaises, quatre étudiants de l’école des Beaux-Arts de l’université de Mossoul ont participé à cette restauration, ainsi qu’une équipe de volontaires irakiens dont les compétences techniques complémentaires se sont révélées indispensables pour le bon accomplissement du processus de restauration.
La galerie du monument
Contribuez à la sauvegarde de la mémoire des monuments.
Photos de famille, vidéos, témoignages, partagez vos documents pour enrichir le site.
Je participe